Global Voice Group innove pour sécuriser les revenus télécom des États africains et ainsi soutenir leur développement

Avant la fin des années 90, seuls des opérateurs historiques géraient les appels téléphoniques et, devant le faible taux de pénétration de la téléphonie (fixe à l’époque), les revenus générés à l’économie étaient marginaux. Les opérateurs internationaux (carriers) ne s’intéressaient pas assez au continent et il était difficile de joindre les pays africains.

La fin des années 90 et le début de l’année 2000 ont été marqués par l’introduction de la téléphonie mobile dans beaucoup de pays africains. Le succès de cette technologie a rapidement évolué. Les volumes de trafic entrant, sortant et domestique ont évolué de façon exponentielle. L’Afrique a constamment remporté la palme du taux de croissance le plus élevé dans les télécoms. Aujourd’hui, c’est près d’un milliard de personnes qui sont connectées dans les pays africains. Par conséquent, le trafic téléphonique est devenu l’une des sources de financement du développement des pays africains.

En effet, la plupart des dirigeants africains rêvent de l’émergence de leurs pays. Cela implique de fournir aux citoyens des infrastructures modernes et l’accès aux services de base. Cependant, ces dirigeants ont d’énormes problèmes budgétaires, qui les empêchent de réaliser leurs ambitions. Ils sont souvent obligés d’emprunter à des taux faramineux, et donc de brader la souveraineté de leur pays, pour réaliser leur développement, alors que des revenus complémentaires pourraient être générés grâce aux télécoms.

Pour pallier un tant soit peu cette mauvaise réalité, des entreprises privées internationalement reconnues se sont alliées aux États afin de leur procurer des revenus additionnels tirés des appels internationaux entrant dans leurs pays. La société multinationale Global Voice Group (GVG), qui permet à de nombreux États de se financer depuis 2005, est la plus renommée de ces entreprises. Sa méthode est connue sous le nom de Telecommunications Traffic Monitoring System (TTMS) et l’outil de contrôle, appelé NOC (Network Operating Center), est installé chez le régulateur des pays en question. Ce système, dont l’efficacité n’est plus à démontrer, permet de connaître exactement le nombre de minutes reçues sur les cartes SIM locales, en provenance de l’extérieur. En pratique, l’État fixe souverainement le prix de base d’une minute d’appel convoyée sur son territoire à l’aide d’une clé de répartition entre l’opérateur, lui-même et la partie qui implémente le système.

Contrairement à ce qui se dit, le contrôle des appels entrants n’engendre pas forcément de surtaxe sur ces appels. En revanche, c’est un moyen sûr de garantir des revenus complémentaires conséquents pour toutes les parties (opérateurs, États). Voici ce que disait, par exemple, Macky Sall, Président de la République du Sénégal, lors d’une intervention devant la presse, le 16 avril 2015 : « […] un État souverain doit pouvoir avoir le contrôle sur le volume des entrées […] on a décidé désormais de contrôler le volume des appels entrants pour l’ensemble des opérateurs. C’est normal, parce que nous avons une rémunération basée sur ce volume, il faut au moins qu’on sache de combien de minutes de téléphone […] notre pays dispose. Donc, c’est une question simplement de contrôle qui a été instaurée […] L’un des premiers décrets que j’ai pris, c’était d’éliminer la surtaxe qui a été imposée, qui était la justification pour augmenter les tarifs de télécommunications.»

Par ailleurs, qu’est-ce qu’un pays souverain quand n’importe qui peut, avec certains équipements de pointe, appelés SIMbox, détourner une partie du trafic international à son compte et se faire de l’argent sur le dos des États et, pire encore, des opérateurs locaux qui paient des impôts? C’est pourquoi, Fatimata Agne Bâ, directrice générale de HAYO Telecom – un opérateur de service universel sénégalais – s’est félicitée de l’implémentation d’un dispositif anti-fraude et de contrôle des appels. Avec l’implémentation de cette mesure, le Sénégal est l’un des pays qui est sûr de maîtriser tous les flux d’appels et donc de planifier ses recettes et par conséquent son développement. Son exemple est suivi par d’autres pays africains comme le Congo, le Rwanda, la Guinée, la Tanzanie, le Ghana, etc.

Justement, parlons du Ghana. D’après un article mis en ligne par Réseau Télécom, 8 792 cartes SIM illégales avaient été détectées sur les réseaux des opérateurs ghanéens en 2010.  Cela a poussé la National Communication Authority (NCA) à faire appel à GVG pour monitorer le trafic sur les lignes téléphoniques. Le résultat à été sans appel. Le gouvernement a collecté, la même année, des revenus supplémentaires évalués à plus de
14 millions de dollars US et mis aux arrêts deux opérateurs clandestins, dont un citoyen britannique. Depuis l’introduction de ce système de contrôle de GVG, ce sont 233 millions de dollars US qui ont servi à financer l’économie ghanéenne. Aujourd’hui, elle est performante et les tarifs de communication sont restés inchangés.

Par ailleurs, en 2013, la Tanzanie a mis en place le même système, grâce auquel le pays récolte plus de 9 millions de dollars par an pour son développement.

Ces revenus additionnels importants générés par les appels entrants sont nécessaires aux pays africains. Ils surfent, pour la plupart, sur une forte croissance dans les télécommunications et reçoivent des millions de minutes par an en provenance de l’extérieur, alors qu’ils sont parfois dans le lot des pays pauvres et endettés. Les pays qui n’ont pas encore mis en place un système de contrôle des télécommunications passent à côté d’une ressource qui leur aurait peut-être permis de ne pas emprunter à l’étranger pour réaliser des investissements. Il est temps pour les pays africains d’intégrer ce genre de systèmes, pour éviter de perdre leur souveraineté en multipliant des dettes qu’ils auraient peut-être pu éviter.

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